Je me suis laissé dire dans les recoins d'un établissement trop sombre et trop humide pour que je puisse en parler plus amplement ici, que le secteur 36A serait hanté par un bâtiment assez hallucinant. Je mets probablement ma vie en jeu en vous en parlant maintenant, bien que l'établissement en question soit probablement fermé à l'heure qu'il est et que le navire dont il est question ait potentiellement été arraisonné. Il s'agirait, d'après mes sources, d'un cargo volant. Euh, pardon, pas d'un cargo qui vole au sens propre mais d'un bateau qui volerait au secours des plus démunis. Il transporterait en contrebande de la marchandise non numérotée, non limitée, non taxée, non protégée. Il la livrerait à si bon marché qu'il suffirait à ceux qui la perçoivent de tendre la main pour être comblés. Les percepteurs de la douane volante auraient bien souvent refermé leurs doigts gourds sur sa cargaison. Mais ils n'auraient mis la main que sur du vent. Cependant, les gabelous informés par plus formé qu’eux n'avaient de cesse de démonter et de remonter les cloisons du navire à la recherche de celle qui, assurément, jouait un double jeu. Leurs pensées avaient un double fond, elles, à en juger par l'état actuel du bâtiment. Pourtant cet acharnement s'est avéré contre-productif, je l'ai compris à présent, plus on le dépouille plus il fraude. Ces vols se sont accélérés et désormais, porté par la rumeur, il dessert fièrement tout le secteur. Ce sont des rêves de contrebande que ce cargo achemine, mais leur saveur n’en est que plus épicée.<br />
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Même si sa vue est, pour la plupart, une lueur d'espoir dans la grisaille, il est, pour moi qui avais jusqu'à présent cessé de rêver, la plus belle et la plus dangereuse des choses que je puisse contempler.